Major Tom, astronaute errant dans l'univers de "Space Oddity", Ziggy Stardust, rocker extraterrestre et décadent, Aladdin Sane, au visage barré d'un éclair rouge, Halloween Jack, échappé d'un futur apocalyptique, The Thin White Duke, dandy pâle et fragile...
David Jones, alias David Bowie, homme caméléon, personnalité kaléidoscopique, a séduit tant de fans* par sa beauté qui semble venir d'"ailleurs"... Il les a aussi charmés par sa voix, qui ne se contente pas d'être belle ; elle est aussi multiple, telle une palette de peintre, elle a des couleurs infinies : chaude et profonde dans "Lady Grinning Soul" ou "Wild Is The Wind", sophistiquée dans "Ashes to Ashes", inquiétante dans "Rock'n'roll Suicide" ou "Scary Monsters (and Super Creeps)". Elle peut être enfantine ou grinçante, il en joue en artiste toujours à la recherche d'un ailleurs, d'un autre monde chatoyant, parfois effrayant, toujours séduisant.
Tout au long de sa longue carrière, il a poursuivi - et poursuit encore - sa recherche artistique, enregistrant dans la dernière décennie des albums comme "Outside", "Earthling", "Hours...", "Heathen", qui dérangent parfois, étonnent toujours et toujours séduisent...
J'avais une héroïne de roman, Anne Devil, nymphe fragile échappée d'une fresque de Botticelli. Pas une jeune oie blanche, elle approchait de la quarantaine et était déçue par ses expériences amoureuses. Alors, elle devait rencontrer un homme séduisant et mystérieux. Je me suis arrêtée sur cette photo de David Bowie datant de 1999 (époque de"Hours..."). Il avait la cinquantaine et il était diablement beau...
Il est devenu David Jones, peintre de génie méconnu et, accessoirement, faussaire et voleur de tableaux dans "Les démons d'Anne Devil", puis Thomas Jerome Newton, scientifique extraterrestre dans "Stardust in Fabula". Voyons ce que disait de ce dernier la petite chatte Zelda, confidente télépathe et moqueuse d'Anne Devil, dans l'épisode où Anne est conduite sur la planète Stardust pour y rencontrer le scientifique qui a pris forme humaine afin de la séduire :
"Thomas Jerome Newton... Maintenant ça me revient ! (...) C'est le nom de l'extraterrestre du film que nous avons regardé chez Marie - tu étais un peu dans le brouillard à cause des cachets, tu n'as pas dû tout capter - juste avant le voyage en soucoupe... pardon, en sphère. "L'homme qui venait d'ailleurs", en anglais "The Man Who Fell to Earth". David Bowie jouait le rôle, il avait les mêmes yeux bicolores que David Jones, et lui ressemblait... ou plutôt l'inverse, enfin, bon... Mais il avait environ vingt-cinq ans, à l'époque. Maintenant David Jones ressemble au David Bowie actuel, et a la cinquantaine. Mais voilà que le David Jones que nous voyons ici n'est pas le vrai, mais qu'il s'appelle Thomas Jerome Newton. Ce T.J.N. ressemble à celui du film mais il a vingt-cinq ans de plus... Je m'arrête de parler, là, parce que ça devient vertigineux."
Laissons Zelda s'emmêler les pinceaux dans son paradoxe temporel pour dire qu'Anne Devil, lors d'un voyage dans le temps dans "Florence in Fabula", rencontrera à nouveau une incarnation de David Jones sous les traits de David Thomas Johannes, peintre et admirateur de Botticelli. Cet humaniste en avance sur son temps sera victime, à Florence au XVème siècle, de l'intolérance religieuse de Savonarole et ses disciples. Un portrait de lui le décrit ainsi :
"Un beau visage ciselé, creusé de fines rides qui soulignent un sourire félin, une expression charmeuse ; des cheveux mi-longs d'un blond cendré, un peu grisonnants, très raides, à la coupe faussement négligée, encadrent des traits aigus. Il porte un pourpoint de velours lavande assorti à ses yeux étranges. Son regard bicolore, myosotis et lavande sombre, n'a pas la naïveté de certains portraits de l'époque, il est inquisiteur, légèrement ironique..."
Le portrait est inspiré directement de cette photo de 1999 - l'action des trois romans se déroulant en l'an 2000. C'est la fascination qu'elle exerçait sur moi et l'admiration que j'ai pour David Bowie qui sont à l'origine de ce personnage romanesque. Mais je n'ai pas osé en faire un chanteur. Non, je lui ai donné une belle voix, chaude, profonde, envoûtante, à l'accent britannique irrésistible, mais - curieusement - il prétend chanter faux...
*A ce propos, je tiens à citer l'article du 16/11/2009 sur le blog de Corine (voir lien sur "Mes blogs préférés").
PS pour Corine et Loli : J'ai réussi à insérer ma photo ! Mais avec de l'aide, quand même...