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  • Marion Sérignan
  • J'habite chez mes cinq chats dans la région d'Avignon. Grâce à eux j'écris des livres et des articles sur mon blog.
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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 16:52







          Anne Devil s'est laissée convaincre par Sébastien, un petit génie de l'informatique, d'emprunter une machine à explorer le temps qui la conduira à Florence en 1486, année où Botticelli a peint le portrait qui lui ressemble.
          Munie d'une montre dont le mécanisme permettra son retour vers le futur, elle est partie seule, sans sa petite chatte Zelda.
          Arrivée à destination...

          (...)
          Trou noir.
          Explosion de lumière...
          Arc-en-ciel...
          De l'eau d'un vert un peu jaunâtre, mais qui scintille sous le soleil encore haut dans un ciel céruléen. Tout autour, un paysage lumineux aux formes douces.
          Il y a ce qui lui paraît être une fraction d'éternité, c'est à dire un temps improbable, Anne était debout sur un tapis roulant qui ne roulait pas mais vibrait, la tête enfermée dans un casque étouffant qui projetait des couleurs, des sortes de gros gants hérissés de fils, trops grands, sur ses mains fines.
          A présent, elle est debout, face à un fleuve d'une couleur indéfinissable mais qui court vivement vers une ville dont elle aperçoit, au loin, les murailles et les ponts dorés, les toits de tuiles rousses. Ses mains sont libres, sa chevelure couleur miel flotte librement en vagues floues sur ses épaules, la soie veloutée et fluide de sa robe pêche ondule doucement autour de son corps mince, dans une faible brise.
          Elle est sur la berge caillouteuse du fleuve. Des arbustes lui cachent le paysage immédiat de ce côté. Sur l'autre rive, elle voit des collines arrondies couvertes de vignes verdoyantes, d'oliviers argentés, de cyprès minces et sombres dressés comme des sentinelles qui paraissent veiller sur la cité lointaine. "Les collines de Toscane, comment les oublier ? Dans cinq cents ans, elles n'auront pas changé... ce fleuve, c'est l'Arno, cette ville, c'est Florence. Sébastien ne s'est pas trompé."
          Après l'émotion provoquée par ce paysage ancré dans sa réalité et son temps, et pourtant hors du temps pour elle, Anne éprouve une envie furieuse de fumer.
          (...)
          Elle regarde encore les collines de Toscane, si douces et séduisantes, avant de dénouer les rubans de sa ceinture banane. Elle ouvre la fine fermeture éclair, en sort une petite boîte de métal argenté et constate, déçue, qu'il ne lui reste que cinq gauloises - elle en met dix par jour dans la boîte afin de maîtriser et réduire sa consommation. Après en avoir pris une, l'avoir allumée avec un mini-Bic fuchsia, elle aspire goulûment, fait pénétrer dans ses poumons la fumée âcre mais anesthésiante... Puis elle étale sur ses genoux le contenu de son sac : son portable bleu fluo, les cartes multicolores, la trousse et le peigne rose saumon, les kleenex, les chewing-gums, quelques billets et pièces de monnaie, sa montre au bracelet cassé. Et la Lip ; elle affiche dix-sept heures dix, sa montre dix-sept heures trente. "Les deux sont relativement en phase - pour l'époque s'entend -, c'est aussi bien. En tout cas, d'après la programmation de sébastien, il me reste une heure cinquante à passer ici. Après, ciao Florence et les Florentins ! Même si entretemps je suis tombée amoureuse. "
          Le regard soudain inquiet, elle observe le petit cercle - à présent argenté - sur le cadran, qui s'allumera en rouge pour donner le signal du départ, et s'assure que le bouton bleu est bien à sa place sur le boîtier.
          Ses observations sont interrompues par la petite voix aigrelette de Zelda qui résonne dans sa tête :
          "Ca ressemble au Vaucluse en moins bien. Mais tu vas me dire que je suis chauvine."
          "Comment ? Tu es là ?!..."
         "Tu t'imagines que j'allais te laisser partir seule ? Tu n'as pas voulu que je t'accompagnes chez Sébastien. OK. Mais parfois tu sembles oublier mes facultés télépathiques. J'ai bien compris qu'il allait te proposer un plan fumeux. Et comme j'avais envie de m'aérer les neuronnes que j'avais fatigués à essayer d'hypnotiser les pigeons, je t'ai suivie. Et moi, pour venir, je n'ai pas eu besoin de me déguiser en extraterrestre !"
          Après tout, tu as bien fait de venir, dit Anne, presque soulagée. Je me sentais un peu seule. Et j'ai une des ces peurs !... je suis à cinq cents mètres d'une ville que je connais par coeur, que j'ai visitée plus de dix fois. Et cette ville n'existe pas encore. Celle que je vais voir est dans son enfance. Elle est sûrement très belle, plus belle. Mais sûrement aussi très dangereuse pour moi !"
          "Allons, Anne ! Tu m'as assez reproché ma couardise lorsque je me suis sauvée en voyant la sphère verte s'ouvrir ; et c'est ton tour à présent ? Allez, haut les coeurs !
Pars à la conquête du passé. Tu sais bien que tu as la supériorité de la connaissance."
          "Dis donc, tu l'as préparé ton discours, hein ?"
          "Bon, c'est pas tout ça mais qu'est-ce qu'on fait maintenant ?"
          "Eh bien, on va visiter Florence", dit Anne qui prend conscience soudain de la réalité de sa situation.
          Pour le moment, elle est encore seule - avec Zelda comme mouche du coche -, cachée derrière des arbustes. Elle va devoir sortir de cette végétation qui ressemble à une garrigue, trouver une route, marcher vers la ville. Ceci n'a rien d'effrayant à priori. La ville, au loin, paraît en effet superbe ; et tellement calme sans la rumeur de la circulation automobile qu'elle connaîtra à la fin du XXème siècle. "Quel tourisme idéal je pourrais faire si je n'avais pas aussi peur !" se dit-elle en se levant, après avoir rangé les objets dans le sac, attaché celui-ci à sa taille, et écrasé soigneusement son mégot.
          (...)   

  

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commentaires

C
<br /> Je te fais de gros bisous de nuit et t'envoie de belles pensées pour ta journée de demain sur tes belles pages.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Je crois que vous avez compris. Merci.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> De rien.<br /> <br /> <br />
C
<br /> Mon chat a créé une académie pour faire exploser son savoir...Quelque chose comme le sein géant de Woody Allen.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> C'était ironique, non ?...<br /> <br /> <br />
M
<br /> encore une lecture très plaisante pour démarrer ce samedi matin que je te souhaite très agréable<br /> tes chats sont tous " grands " en effet mais je suis d'accord avec toi quand tu dis qu'ils redeviennent chatons quand ils dorment ou qu'ils jouent d'ailleurs<br /> ils restent des enfants toute leur vie en fait<br /> plus précisément ils restent " nos" enfants ! lol<br /> bizzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz<br /> <br /> <br />
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