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  • Marion Sérignan
  • J'habite chez mes cinq chats dans la région d'Avignon. Grâce à eux j'écris des livres et des articles sur mon blog.
  • J'habite chez mes cinq chats dans la région d'Avignon. Grâce à eux j'écris des livres et des articles sur mon blog.

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29 septembre 2009 2 29 /09 /septembre /2009 15:09

                                                                          *


                     Cette petite histoire a été publiée dans Le pied dans l'encrier,
                                le bulletin de liaison des Editions Les 2 Encres


                                                                          *

                                                         Anecdotes félines

                                                                       Lieu
                                                         Un mas de Provence

                                                                    Epoque
                                      2002, une année d'élection présidentielle

                                                               Personnages
                                                         Les chats de Marie
                                                   Marie : une mère à chats
                                         Anne : sa meilleure amie, déprimée

                                 ( Zelda n'est pas présente dans cette histoire.
                                   Elle vit chez Anne dans toutes les fictions )

                                                                           *

          - Quelle histoire ! J'ai fini par attraper la souris.
          C'est Woody qui l'avait apportée, vivante, dans le salon en fin d'après-midi. J'étais devant l'évier en train de faire la vaisselle des chats. Oui, je fais la vaisselle des chats. Si je devais mettre leurs gamelles au lave-vaisselle, je passerais mon temps à le faire marcher puisqu'ils passent leur temps à faire des collations diverses : petit déjeuner, brunch, déjeuner, goûter, lunch, cocktail, diner, souper, réveillon... que sais-je encore ?
          Bref, j'étais dans la cuisine et j'ai entendu couiner. J'ai eu juste le temps de voir la souris se faufiler sous le pétrin, puis mon Woody me jeter un regard rapide avec ses yeux jaunes tout ronds et un peu nigauds, avant de s'accroupir, nez collé au pétrin.
          Aussitôt, branle-bas de combat ! Sur les huit, il y en avait cinq autour du meuble. Salammbô et Scott avaient été tirés de leur sieste profonde sur les fauteuils, Yom Yom et Gros-Gros-Bikini-Lancelot, qui paressaient sur la terrasse, avaient volé - façon de parler car ils sont lourds - à travers le rideau de chenille, sur les traces de Woody.
          Et tous, accroupis ou couchés, le nez au raz du sol, contre le bas du pétrin... pendant d'interminables minutes...

          Dans la soirée, la souris a quitté régulièrement son dessous de pétrin pour traverser subrepticement le coin salle à manger et se réfugier sous le buffet de la cuisine. Et inversement. Chaque fois, elle avait au moins deux chats à ses trousses, deux "Tom" qui me lançaient le même regard nigaud parce qu'ils s'étaient encore fait rouler dans la farine par cette "Jerry" aussi vive et plus vraie que la souris des cartoons.
          A la fin, épuisés, déçus, vexés, humiliés, mortifiés comme Jospin au soir du premier tour - je me moque mais j'ai voté pour lui -, les huit étaient lovés dans leurs fauteuils, paniers à fleurs, paniers-pantoufles-chiens-pandas.
          Moi, je lisais, mais d'un oeil seulement.

          Vers minuit, j'ai perçu un mouvement furtif, et vu la souris traverser le salon, puis se faufiler derrière le poster de Klimt qui masque, au raz du sol, la misère du mur couvert de salpêtre. Je me suis précipitée, mon verre vide à la main - j'avais fini mon whisky. J'ai touché la souris, qui bougeait mollement, à travers le papier épais. Je lui ai donné un coup léger pour la faire descendre, et l'ai pêchée dans mon verre, au bas du mur. J'ai bouché le verre avec un prospectus de Le Pen qui a au moins servi à ça, et me suis dépéchée de sortir sans bruit dans le jardin pour libérer la pauvre bestiole dans la haie de lilas.
          Lorsque je suis rentrée, les huit étaient toujours lovés dans leurs couchettes, perdus dans leurs songes de chats. Ou alors - je penche pour cette hypothèse - ils m'ont vue du coin de l'oeil, mais, épuisés, déçus, vexés, humiliés, mortifiés comme Jospin au soir du premier tour, ils ont fait comme si de rien n'était.

          Marie parle. Elle est douée pour raconter ses histoires de chats. Mais elle a du mal à capter l'attention d'Anne, toujours prostrée sur ses coussins.
          Pas découragée pour autant, elle enchaîne :
          - Et tu connais la dernière de Philippe ? Il a trouvé Lancelot en train de gratter dans la terre, contre la haie qui nous sépare du golf, et lui a dit en riant : "Alors mon gros, tu fais ton caca ?" Il a alors entendu un bruit furtif, juste derrière la haie, et a eu le temps d'apercevoir, à travers les feuillages, un homme accroupi dans le fossé à sec au milieu des herbes folles, avant que celui-ci ne se redresse et s'éloigne discrètement, comme si de rien n'était. Un golfeur qui cherchait sa balle.
          Un fou rire irrépressible secoue Anne sur son canapé... Elle ne peut plus s'arrêter... elle pleure...


                                                                           *  
        
     

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commentaires

C
<br /> Presque pareil ! Je voulais me coucher plus tôt puis j'ai fait un super lot de crêpes (enfin pour un régiment quoi!). Du coup, (déjà décalée dans le temps habituellement), on a mangé plus tard et<br /> plus longtemps et me voilà debout encore !!!<br /> Bonne nuit Marion<br /> Bises<br /> Corine<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Ah si j'ai vraiment aimé.<br /> Bises<br /> Je te souhaite EN AVANCE (!!!) une bonne nuit<br /> Corine<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Je voulais me coucher tôt, et je me suis encore promenée sur Internet. Incorrigible !!!<br /> Puis j'ai vu ton message.<br /> Alors, merci beaucoup et très bonne nuit à toi aussi<br /> Marion<br /> <br /> <br />
C
<br /> J'adore l'anecdote ! Et les chats qui volent (y compris Lancelot !!) elle a eu de la chance d'être tombée sur toi. Je n'ai jamais réussi à en sauver une.<br /> Beaucoup d'humour dans cette histoire et le parallèle du dépit !<br /> Et une fin heureuse.<br /> Pour finir sur la drôlerie de Lancelot.<br /> Merci Marion<br /> Bises<br /> Corine<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Ce qui m'amuse, rétrospectivement, c'est que les histoires sont tout à fait vraies, même si je les intègre dans une fiction.<br /> Par contre, je crois que ma mise en page n'est pas très bonne. Sur mon ordinateur, les titres et en-têtes sont centrés, pas sur ceux de mon entourage. Mystère...<br /> Mais tant pis, ce sont les histoires qui comptent.<br /> Merci de les avoir appréciées Corine.<br /> Bises<br /> Marion<br /> <br /> <br />